13/01/2017

A quoi sert le Tribunal suprême de Monaco ?

Le Tribunal suprême de Monaco n’a été saisi que de cinq recours en 2016, contre une quinzaine de fois les années précédentes. Aussi peut-on se demander s’il a encore une utilité ? Une utilité autre que de servir les intérêts de ceux qui y siègent, de son président au premier chef.

Depuis 2012, c’est Didier Linotte, professeur agrégé de droit public, avocat aux barreaux de Grasse et de Paris, qui le préside. Or, la réputation de l’homme est pour le moins douteuse. Chargé de veiller à la constitutionnalité des lois, l’homme est à la tête « d’une nébuleuse de sociétés », nous apprend Le Point. Il aurait liquidé toutes ses sociétés avant son entrée en fonction en 2012. Toutes, sauf une. International Legal Engineering Services Ltd a été active jusqu’en 2015, alors qu’il siégeait déjà au Tribunal suprême. Et en 2016, c’est Alma Marceau Transactions SAS qu’il a créée avec Roger Bernardini, membre du Conseil d'État de la Principauté. Cette société de conseil a pour but de « favoriser la conclusion d'un accord négocié dans le cadre d'une transaction ou d'un arbitrage » et d’ « assister des opérateurs dans la prise de décision en vue du meilleur développement de leurs activités économiques, sociales, sportives ou culturelles ». Un avocat, gardien de la constitutionnalité des lois, qui se fait également rémunérer pour ses conseils en cas de litige, ou afin d’éviter des litiges, cela ressemble passablement à un conflit d’intérêts. Didier Linotte connaît la loi, c’est entendu. Combien peut-il vendre sa science à une personne qui voudrait éviter de tomber sous son coup ?

Qu’on ne s’étonne pas que le Conseil de l’Europe commence à mettre son nez dans ces affaires teintées de soupçons de corruption. Et qu’elle ait, via le Greco (Groupe d'États contre la corruption), auditionné Philippe Narmino, qui est Président du Conseil d’Etat, président du Conseil de la magistrature et ministre de la justice, ainsi que quelques hauts fonctionnaires de Monaco, à la fin de l’année 2016. Car pour ajouter à sa panoplie de casquettes, Didier Linotte vient d’être nommé au Tribunal arbitral du sport en Suisse. Le tort des ambitieux rongés par le désir de pouvoir, est de ne pas savoir s’arrêter à temps. Il n'est malheureusement pas certain que l'on puisse compter sur Philippe Narmino pour mettre un peu d’ordre dans la République bananière à laquelle ressemble aujourd'hui Monaco, lui-même dont la probité a été plusieurs fois souillée par de graves soupçons de corruption et de blanchiment d'argent

 

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